Droit de réponse à l’article de Marianne : " ADP : à Roissy, un mort sur l’autel de la bureaucratie ?"

, par Christelle MARTIN

Le syndicat FO ADP partage la douleur du personnel d’Air France à la suite du décès de leur collègue à Roissy dans la nuit du 20 au 21 octobre et présente toutes ses condoléances à ses proches.

FO ADP comprend l’émotion que suscite le décès d’un salarié et les réactions d’incompréhension de ses collègues, notamment concernant le temps d’intervention des pompiers de Mitry alors que les locaux des pompiers aéronautiques d’ADP étaient à proximité.

FO ADP trouve surprenant que la presse s’en fasse échos sans même s’interroger sur l’organisation des secours sur nos aéroports parisiens.

ADP, conformément à la réglementation, a des équipes de sécurité incendie et d’assistance à personne (SSIAP) dans ses établissements recevant du public (ERP) et établissements techniques (ERT). Lorsque le 18 ou 112 est appelé, les SSIAP interviennent en première ligne sur les aérogares comme la gare RER ou SNCF ou encore les galeries bagages, qu’il s’agisse d’un passager, d’un salarié, d’un attendant, accompagnant ou même d’un SDF, sans distinction.

ADP est également doté de services de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs (SSLIA) composés de sapeurs-pompiers aéronautiques lesquels interviennent côté piste sur les avions, leurs passagers et équipages comme pour le personnel au sol, sans distinction.

Roissy est souvent comparé à une grande ville au regard de sa surface et du nombre de personnes fréquentant quotidiennement l’aéroport.

L’organisation des secours publics est de la responsabilité de l’Etat. Or, les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) comme la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) ne sont pas présents sur l’aéroport. Il n’y a pas de caserne de pompiers à CDG !

Dans n’importe quelle grande ville lorsque les pompiers sont appelés, seront envoyés ceux de la caserne la plus proche. S’ils sont déjà en intervention, ceux de la caserne suivante seront déclenchés et le temps d’intervention sera alors augmenté.

Le gouvernement, plutôt que de faire gazer les pompiers des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) lorsqu’ils manifestent à Paris, ferait mieux de se préoccuper de la situation désastreuse des services d’urgences du pays en commençant par le dimensionnement des services et des effectifs

A CDG, les pompiers d’ADP et le service médical d’urgence (SMU) arment quotidiennement 2 véhicules de secours à victime (VSAV) et assurent les secours publics en lieu et place de l’Etat.

Ils assurent en plus de leurs missions de service public d’exploitation des aérodromes parisiens, des missions de secours publics, sans compensation en effectif ni moyens supplémentaires. Et pour les remercier, on les accuse de non-assistance à personne en danger !

Qui veut tuer son chien, l’accuse d’avoir la rage !

Le gouvernement poursuit sa politique de destruction des services publics et son funeste projet de privatisation d’ADP. Il affirme que les salariés d’ADP ne gèrent que des hôtels et des boutiques alors que la grande majorité des salariés ont comme missions de service public, la construction, l’aménagement, la gestion et l’exploitation des aéroports parisiens en commençant par la sécurité des biens et des personnes.

Il jure la main sur le cœur que la sécurité ne sera pas privatisée tout comme la sureté, missions pourtant déléguées à ADP depuis longtemps faute de moyens de l’Etat pour les assurer !

Un salarié est mort et force est de constater que l’intervention des secours publics sur les Aéroports de Paris est bien trop longue lorsque les équipes d’ADP sont déjà en intervention.

Il est donc de la responsabilité du gouvernement de s’interroger :

  • sur l’utilisation des secours sur la plateforme
  • sur la répartition des rôles et des secteurs d’intervention avec la BSPP et les SDIS
  • mais aussi sur le dimensionnement des services de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs tout comme sur les effectifs de garde journaliers d’ADP par rapport au développement des missions de sécurité aéronautiques, à l’augmentation du trafic et du nombre de passagers, et au désengagement des acteurs publics.

Le journal Marianne s’il avait fait un véritable travail d’investigation aurait dû se poser les questions suivantes plutôt que de tirer sur l’ambulance.

  • Quel service de secours a été sollicité ? Pompiers ? Samu ? Police/gendarmerie ? Et pour quel type d’intervention et quelle gravité ?
  • Pourquoi le VSAV 1 et VSAV 2 d’ADP ne sont pas allés sur l’intervention ? Etaient-ils déjà en intervention ?
  • Pourquoi le VSAV de Mitry n’a pas eu l’information sur la fermeture du PARIF, information que tous les salariés de CDG possèdent ?
  • Comment faciliter l’accès à la zone réservée de l’aéroport à un véhicule extérieur de secours ne détenant pas d’autorisation d’accès aux pistes de l’aéroport dans le respect des règles de sureté ?

Un salarié est mort, et sa prise en charge rapide aurait peut-être pu lui sauver la vie. Les 100 000 salariés des aéroports parisiens, au regard des nombreux risques professionnels auxquels ils sont exposés quotidiennement, sont en droit de s’attendre à recevoir une prise en charge rapide en cas d’accident.

Le syndicat FO ADP espère donc que tous les enseignements seront tirés sur le décès tragique de notre collègue d’Air France afin que plus jamais, un délai d’intervention des secours publics aussi long ne soit constaté sur nos aéroports. Le syndicat renouvelle tout son soutien aux équipes d’ADP qu’il s’agisse des SSIAP, SMU ou SSLIA pour leur engagement et professionnalisme.

FO ADP demande à Marianne, la publication de ce droit de réponse.

Le droit de réponse en PDF