Intervention de Serge GENTILI à l’OCDE Une entreprise publique peut-elle être exemplaire dans le domaine de l’éthique, de la prévention des risques, de la lutte contre la corruption ?

, par Christelle MARTIN

Serge GENTILI était panéliste à l’OCDE.

Vous trouverez ci-dessous son intervention :

Aéroports de Paris est une entreprise encore considérée comme publique puisque l’Etat détient un peu plus de 50% du capital, (50,6% pour être précis). Toutefois, depuis la loi de 2006 dite de modernisation des aéroports, ADP est une S.A cotée en bourse, SBF120. Elle respecte le code AFEP/MEDEF.

ADP a une valeur qui avoisine les 8,5 milliards. L’aéroport d’Amsterdam, public à 100%, détient 8% du capital, VINCI également, Prédica 2%, et n’entendent pas vendre leur participation dans le groupe. ADP détient 8% de Schipol et des participations dans de nombreux pays via ses filiales.

En 2015, ADP a accueilli environ 100 millions de passagers et gère Roissy CDG, Orly, Le Bourget, ainsi que les aérodromes secondaires de la région IDF. En 2015, son C.A était de 2 milliards 916 millions et son EBITDA de 1 milliard 184 millions, avec un résultat net de 430 millions. Les prévisions pour 2016 sont du même ordre de grandeur. La robustesse économique de l’entreprise est donc avérée et reconnue par les analystes financiers.

Par ailleurs, ADP bénéficie d’une excellente notation RSE.

Etant Administrateur élu par les salariés, et membre du comité d’audit et des risques depuis 7 ans, et ayant obtenu la certification IFA/Sciences Po, j’ai pu constater une nette amélioration dans bien des domaines, préventions des risques, éthique, transparence, lutte contre la corruption, mise en œuvre des bonnes pratiques de gouvernance.

Le conseil d’administration fonctionne bien, de façon efficace, même si le nombre est important, (18).

Trois comités du CA, stratégie, rémunérations, audit et risques, fonctionnent bien également, et pour le sujet qui nous anime, le comité d’audit joue son rôle, quitte à challenger le management, voire les CAC si nécessaire.

Concernant la cartographie des risques, ont été placés en 2016 comme inacceptables la protection des personnes et des biens, l’éthique/ déontologie. La semaine dernière, lors de mon comité, ont été classés risques inacceptables la sûreté, eu égard aux risques d’attentats, la sécurité des personnes et des biens, la protection de l’information et du patrimoine immobilier, l’éthique/ déontologie, et la sécurité aéroportuaire.

Par ailleurs, depuis quelques années, la direction des achats a renforcé son rôle de passation des marchés de sous-traitance et travaux, et la direction de l’audit renforce également son rôle vis-à-vis des directions opérationnelles pour éviter une dérive de "baronnies".

Avec la loi Sapin 2, les structures de gouvernance vont renforcer leur rôle, dans le domaine du "say on pay", du " whistle blowing", du contrôle des CAC. Les administrateurs salariés ont largement anticipé sur cette loi en dénonçant de façon systématique les dérives constatées.

Pour conclure, j’estime qu’une entreprise même à dominante publique, peut être exemplaire, d’ailleurs, les plus grands scandales venaient-ils d’entreprises publiques, je citerai Maxwell, Enron, Lehman brothers ou Deutskbank.